Les événements de la COP permettent à l'industrie de se faire une idée de la manière dont les nations s'alignent pour relever les défis climatiques communs. L'année dernière, la COP27 a mis l'accent sur le lien entre la sécurité alimentaire, l'équité et le changement climatique. Il est apparu clairement qu'il fallait accroître le niveau et l'équité du financement des innovations et de la mise en œuvre des efforts nécessaires pour améliorer l'accès à une alimentation de qualité, en particulier dans les régions aux ressources limitées. La COP28 s'est appuyée sur cet élan en déclarant que "les systèmes alimentaires doivent s'adapter et se transformer de toute urgence pour répondre aux impératifs du changement climatique". Alors que les conversations sur l'alimentation et l'agriculture étaient évidentes, bien que moins orientées vers l'avenir que lors de la COP27, la plupart des efforts affectant l'agroalimentaire et les GPC ont porté sur l'alignement de l'orientation politique des marchés volontaires du carbone (MVC) afin de créer une confiance future.
Dans quelle mesure la COP28 a-t-elle permis d'améliorer la certitude en matière de gestion du changement climatique ?
La discussion de trois aspects de l'article 6 de l'Accord de Paris a été au premier plan, mais les articles 6.4 et 6.8 sont les plus importants à considérer car ils affectent le potentiel des CVM à gagner en crédibilité. Dans l'ensemble, l'événement a maintenu les niveaux d'incertitude existants.
L'article 6, paragraphe 4, crée un mécanisme permettant de soumettre de nouvelles méthodologies pour approbation. Lors de la COP28, les parties ne sont pas parvenues à se mettre d'accord sur l'identification des niveaux de référence pour la capture du carbone. Sept nations européennes ont fourni un cadre très progressif avant l'événement, soulignant que pour les organisations qui font des déclarations sur le climat, six domaines clés doivent être inclus : la divulgation publique des émissions et des objectifs, l'alignement des normes sur l'Accord de Paris, la priorisation des réductions d'émissions par rapport aux compensations, l'utilisation de crédits de haute qualité uniquement, la prise en compte des impacts sur le développement durable et l'inclusion de rapports réguliers et transparents.
L'article 6.8 décrit les possibilités de coopération non fondées sur le marché qui ne sont pas des transactions. Les pays se sont mis d'accord sur une voie à suivre, mais cette voie comprend principalement la création finale d'un portail d'information et la détermination des approches non marchandes spécifiques disponibles pour les parties. Par conséquent, un cadre de besoins a été établi qui nécessite maintenant des orientations.
Si l'on examine la manière dont les financements et les marchés ont réagi après la COP28, il est clair que l'incertitude persiste. Les prix des crédits VCM établis ont continué à s'effondrer à l'issue de l'événement dans tous les domaines, à l'exception de la capture du carbone. Par conséquent, l'incertitude continue d'être le sujet de conversation autour des VCM en 2024, même si les principaux développeurs de normes ont affirmé qu'ils se réuniraient pour aider à établir la certitude et la responsabilité à l'avenir, une déclaration qui doit être soutenue par des efforts de mise en œuvre.
Poursuite des travaux sur l'alimentation et l'agriculture
Des progrès limités ont été accomplis en ce qui concerne le guide de Charm el-Cheikh sur le financement équitable. Les parties n'ont pas été en mesure de parvenir à un consensus sur le texte après une année complète d'élaboration, ce qui indique que certaines nations sont confrontées à des défis très spécifiques qui ne sont pas partagés à l'échelle mondiale et qu'elles continueront probablement à connaître des niveaux de financement inéquitables. Alors que certaines nations ont fait des progrès en offrant des financements comme la Suisse, d'autres ne l'ont pas fait, ce qui met en évidence une responsabilité limitée. La création d'un consensus pour mettre en place un mécanisme de financement partagé continuera à s'avérer difficile.
La déclaration sur l'alimentation et l'agriculture de la COP28 apportera un élément supplémentaire et permanent aux futurs événements de la COP. À l'horizon 2025, l'événement donne la priorité à l'intégration de l'agriculture et de l'alimentation dans les stratégies et politiques nationales soutenant la résilience des terres et des populations, l'augmentation des mécanismes de financement, l'accélération des innovations fondées sur des données probantes et le renforcement d'un commerce équitable.
Lux Take
L'agriculture et l'alimentation deviendront en effet un élément essentiel des événements de la COP à l'avenir, l'agriculture durable prenant de plus en plus d'importance. Il faut s'attendre à ce que ces événements deviennent à l'avenir un nid pour les lobbyistes et à ce que les nations tirent parti des mécanismes de financement pour accélérer l'adoption de pratiques approuvées. Le défi qui reste à relever est de définir les pratiques approuvées. L'avancement de l'article 6.8 a révélé qu'il s'agissait d'un besoin majeur non satisfait. Les pays peuvent généralement se mettre d'accord à un niveau élevé, mais l'élaboration d'un menu d'options prendra plus de temps que prévu. Pour l'instant, il faut s'attendre à ce que des mesures soient prises au niveau national, mais il faut aussi surveiller l'activité régionale pour déterminer les risques et les opportunités à venir.