Le débat sur la réduction des émissions automobiles met en avant deux solutions pour les véhicules électriques (VE) : les véhicules alimentés par des batteries [ou VE à batterie (BEV)] et les VE à pile à combustible. Les BEV sont la solution la plus répandue aujourd'hui, en particulier pour les véhicules légers et, dans une certaine mesure, pour les véhicules moyens. Cependant, l'un des principaux problèmes liés aux batteries est leur taille et leur autonomie limitées. C'est de là qu'est née l'idée d'ajouter des panneaux solaires sur le toit d'une voiture ou de développer un véhicule électrique solaire ou une voiture solaire. Cette solution permet d'augmenter l'autonomie sans augmenter la capacité de la batterie et de réduire la dépendance à l'égard de l'infrastructure de recharge, qui n'est pas très répandue dans de nombreuses régions du monde. En d'autres termes, les VE solaires peuvent aider à surmonter l'angoisse de l'autonomie.
Cependant, il s'avère que le développement d'un véhicule électrique solaire n'est pas simple, comme en témoignent les récents incidents survenus chez Lightyear, qui a suspendu ses activités, et chez Sono Motors, qui fait des pieds et des mains pour sauver son activité dans le domaine des véhicules électriques solaires. Cette situation soulève plusieurs questions : premièrement, qu'est-ce que ces entreprises ont fait de mal et pourquoi ont-elles échoué ? Deuxièmement, qu'est-ce que cela signifie pour l'avenir des VE solaires et qui est le mieux placé pour commercialiser cette technologie ?
Lightyear et Sono Motors étaient des startups naissantes qui avaient besoin de fonds massifs pour commercialiser leur technologie. Les deux startups avaient des commandes de détail pour 2025 de la part de propriétaires de flottes, ce qui indiquait que les clients croyaient en la promesse de la technologie. Cependant, ces entreprises n'ont pas réussi à décoller, principalement parce qu'elles ont adopté une stratégie trop agressive pour passer à l'échelle supérieure. Il faut beaucoup d'argent pour construire une usine de fabrication d'automobiles, et il n'aurait pas été possible de réunir les capitaux nécessaires dans ce délai, même avec des objectifs de vente optimistes. Ces jeunes entreprises auraient mieux fait de se fixer des objectifs réalistes et de commencer modestement, par exemple en se concentrant sur les revenus générés par l'octroi de licences pour leur technologie plutôt que sur le développement d'un véhicule électrique solaire complet.
L'ajout de panneaux solaires à un BEV peut avoir des périodes de retour sur investissement réalistes qui deviennent irréalistes en fonction de l'emplacement et du fabricant. Comme indiqué dans l'introduction, l'argument de vente de l'utilisation de panneaux solaires sur un BEV est l'augmentation de l'autonomie. Cela dit, l'irradiation solaire disponible varie en fonction du temps et de l'emplacement, les coûts des toits solaires varient, tout comme la surface des panneaux solaires. Cela signifie qu'il ne sera judicieux d'ajouter des panneaux solaires à un BEV que dans certains endroits. Cela freine l'adoption.
Les grands constructeurs automobiles sont les mieux placés pour commercialiser les VE solaires, et les coûts de production seront essentiels à la commercialisation. Ce n'est pas parce que deux grands noms du secteur ont disparu que tout est perdu. L'un des résultats positifs de ces incidents est que la technologie développée dans ces installations est à la disposition des grands constructeurs automobiles, qui peuvent s'en emparer et la développer davantage en vue d'une intégration commerciale. Cela pourrait contribuer à la maturation de la technologie puisque les grands constructeurs automobiles disposent déjà des fonds, des ressources et de l'échelle nécessaires pour tester la manière dont les toits solaires peuvent être mis sur le marché de manière rentable. En outre, les consommateurs seraient plus ouverts à l'achat d'un tel véhicule s'il provenait d'un constructeur automobile établi plutôt que d'une startup sans antécédents.
Les VE solaires ne sont pas une mauvaise idée, mais leur applicabilité universelle, dans l'état actuel des choses, en fait un produit de niche. Les paramètres actuels de conception, de performance ou de coût des toits solaires limiteront le nombre de consommateurs qui trouveront les toits solaires intéressants, ce qui dépendra de la situation géographique et de l'accès au soleil pendant la journée. Les améliorations apportées aux technologies des cellules solaires et à l'efficacité énergétique des véhicules accéléreront leur adoption, mais les VE solaires resteront une application de niche à l'heure actuelle.